Les portraits du Fayoum présente au public un art qui sort de l’ordinaire. Ce sont des peintures sur bois qui étaient fixées sur le linceul à l’emplacement du visage du défunt. Ces portraits étaient souvent peints du vivant de ce personnage. Ces portraits étaient peints sur du bois et étaient fixés sur le linceul à l’emplacement du visage du mort.
Ces portraits du Fayoum proviennent de différents musées égyptiens, notamment du Musée des antiquités égyptiennes et du Musée copte du Vieux Caire.
Les portraits et les masques sont dits du Fayoum, d’Antinopolis ou d'Antinoé, et il existe encore les figurations debout de personnages, peints sur des linceuls en toile de même provenance. Egyptiens et même pharaoniques par leur place et leur rôle au sommet du sarcophage, ils sont romains par le style, les détails vestimentaires et la coupe du visage. Etagés entre le 1er et la fin du IVème siècle après Jésus-Christ, ces portraits étaient employés par des Romains fixés en Egypte. Une grande partie de ces portraits du Fayoum sont, pour la plupart, des témoins de la fusion des éléments pharaoniques avec un esprit et un style gréco-romains. Le type de ces portraits du Fayoum sera emprunté par les Chrétiens d’Egypte, si l'on en juge par la toile peinte d'Antinoé, qui est exposée au Musée du Louvre, représentant une femme qui tient à hauteur de la poitrine une croix ansée. Toutefois, il faut rappeler que cette croix ansée n’a jamais été adoptée dans la symbolique chrétienne en Egypte.
Rappelons en quelques mots ce qu’est le Fayoum. C’est une oasis verdoyante dont le protecteur était Sobek, le dieu crocodile, le dieu originel et créateur associé à Ré (le soleil), et qui fut à l’origine du lac Qaroun au Fayoum. Il était aussi le dieu de la végétation et du développement de la vie, un peu comme Osiris.
C’est pour cela que cette oasis est très verdoyante. Ces portraits du Fayoum ont été découverts dans les différents sites d’époque gréco-romaine, comme ceux de KomOuchim, l’ancienne cité de Karanis, le KomEl-Asi, la Bakkhis des papyrus du géographe Ptolémée, la Crocodilopolis qui était la ville des crocodiles près de la ville Fayoum, la cité de Tebtynis dans le sud de l’oasis avec ses vestiges gréco-romains et chrétiens, etc...
L’un des plus importants sites archéologiques du Fayoum est certainement celui de Karanis, qui fut découvert par des paysans du Fayoum en 1895, quand ils dégagèrent les ruines d’un temple, dont certaines pierres dépassaient le haut d’une colline. Ce site est actuellement constitué de différentes collines où se trouvent des temples et des surfaces planes, où se voient toujours les plans des maisons et des rues. C’est une des villes anciennes les mieux conservées en Egypte.
Cette cité fut surtout prospère aux IIIème et IVème siècles après Jésus-Christ. Les maisons offrent presque toutes le même plan avec une cour intérieure entourée de différentes chambres et avec un four à pain, une citerne et des bains séparés pour les hommes et les femmes. Plusieurs pressoirs à olives subsistent encore dans les ruines de Karanis, car les oliviers étaient nombreux dans l’oasis voisine du Fayoum.
Les premières fouilles furent entreprises en 1896 par les archéologues Hogarth et Grenfell. Elles furent poursuivies en 1901 par Grenfell ; et en 1905 - 1907, par Grenfell et Hunt. De 1928 à 1931, plusieurs campagnes de fouilles furent réalisées par l’Université américaine de Michigan. De nombreuses maisons et plusieurs temples furent alors dégagés par les archéologues sous la direction de Peterson. Plus récemment, l’Université américaine du Caire avait poursuivi ces fouilles.
Revenons aux portraits du Fayoum. Ces portraits représentent le visage du mort, toujours de face. Ils seraient la fusion entre les éléments pharaoniques des sarcophages et un style gréco-romain. La confection de ces portraits s’étale entre le 1er siècle après Jésus-Christ et la fin du IVème siècle de notre ère.
Dans l’art pharaonique les visages étaient représentés de profil. Tout au contraire, dans les portraits du Fayoum les visages sont toujours de face. Toutefois, dans l’art pharaonique une exception a été trouvée avec la découverte à Saqqarah d’une représentation du dieu Osiris avec les déesses Isis et Nephtys dont les visages et les corps sont de face, ce qui est exceptionnel.
Dans les portraits du Fayoum, représenter le visage du mort de face, c’est le symbole de leur regard fixé sur l’éternité divine.
Actuellement, ces portraits du Fayoum n’existent pas seulement dans les Musées égyptiens, car ils s’en trouvent à l’étranger.
Ainsi, le Musée des Beaux-arts de Dijon (est de la France) a sorti pour la première fois de ses réserves ses trésors d'art égyptien, dont cinq portraits funéraires du Fayoum récemment restaurés.
Avec onze portraits funéraires, le Musée de Dijon possède après le Louvre la plus belle série de ces portraits, datant du 1er siècle avant Jésus-Christ au IVème, conservés en France.
Au total, seule une centaine de ces œuvres fragiles, peintures à la cire sur du lin ou sur bois, sont parvenues jusqu'à nous.
Ouverte au public, l'exposition "Offrandes à Osiris" a coïncidé avec l'ouverture des nouvelles salles égyptiennes du Louvre, et le début de la série de manifestations dans le cadre de "France-Egypte, Horizons partagés", organisées par le Caire et Paris.
Les collections égyptiennes du Musée de Dijon, dont l'inventaire vient d'être achevé, proviennent d'un important legs de l'égyptologue dijonnais Albert Gayet, qui avait fouillé à la fin du XIXème siècle le site d'Antinopolis, dans le Delta du Nil.
Les premiers artistes coptes qui peignirent des icônes se seraient inspirés des portraits du Fayoum avec le visage toujours de face. Dans l’art copte même les cavaliers ont le visage de face comme dans les représentations du voyage de la Sainte Famille en Egypte. Parfois le corps est de profil, mais le visage sera de face.
Comme dans les portraits du Fayoum cette représentation du visage de face symbolise le regard fixé vers la béatitude divine et c’est une invitation aux croyants de faire de même.
Au Musée des antiquités égyptiennes du Caire se trouve un portrait du Fayoum remarquable. L’homme légèrement grisonnant du Fayoum est également vu de face, mais un léger mouvement des épaules donne l’impression qu’il vient de se tourner vers le peintre. Le visage de cet homme est tellement individualisé que c’est sans nul doute le véritable portrait de cet homme qui donne l’impression d’une psychologie très poussée. Il s’agit d’un homme d’une personnalité bien précise, qui se présente tel qu’il était au moment où le peintre exécuta son effigie.
Le peintre du Fayoum a exécuté l’effigie d’un homme qui a sans doute posé pour lui. Il est connu que ces portraits étaient peints du vivant du personnage et ils ornaient sa demeure avant qu’ils ne servent à un usage funéraire. L’artiste a peint cette effigie selon une tradition bien ancrée dans la région du Fayoum. Ainsi l’effigie de cet homme du Fayoum est un véritable portrait et l’un des plus beaux témoignages de cet art du Fayoum.
Mais l’oasis du Fayoum recèle bien d’autres richesses, et il faut citer les papyrus qui ont été découverts dans les différents sites gréco-romains. La plus importante découverte fut certainement celle de Karanis. Il s’agit du fameux papyrus de Ménandre, publié en 1911 par G. Lefebvre, qui provient de Karanis. Ce papyrus avait été découvert lors de fouilles effectuées en 1907. Il contient d’importants fragments des œuvres de Ménandre, ce poète comique grec qui vécut entre 342 et 292 avant Jésus-Christ. Des fragments de quatre de ses œuvres sont ainsi contenus dans ce papyrus: le Héros, l’Arbitrage, la Belle aux boucles coupées et la Samienne. Ces quatre œuvres de Ménandre sont une peinture excellente et pathétique des mœurs de son époque.